28 janvier 2014

Comment les statistiques sur les religions nous mentent

L'office fédéral de la statistique vient de présenter un graphique illustrant l'évolution des appartenances religieuses en Suisse de 1970 à 2012. Comme d'habitude, les appartenances sont calculées proportionnellement à la population résidente en Suisse, sans tenir compte de l'augmentation de cette population, ce qui donne l'impression d'une débandade du protestantisme en Suisse, comme s'il avait diminué de moitié. Or il n'en est rien. En quarante ans, le nombre de protestants  s'est certes tassé, mais de moins de 20%.

L'agence Protestinfo commente ces résultats dans un article au titre alarmiste: La proportion de réformés en Suisse diminue encore.

Voici le graphique publié par l'OFS:

Statistiques OFS

Il montre que les réformés ne représentent plus que 26,9% de la population de 15 ans et plus résidant en Suisse, alors qu'ils étaient 48,8% en 1970. C'est oublier qu'entre temps, la population Suisse a augmenté de 46%.

Voici les mêmes données, présentées en valeurs absolues (oui, j'ai fait le calcul!).

Religions en valeur absolue

C'est une toute autre réalité qui apparaît! Loin d'être une débandade, la diminution du protestantisme s'explique largement par des raisons démographiques, principalement la faible fécondité des protestants... et leur aversion pour le prosélytisme! 

La manière de présenter les statistiques n'est jamais neutre. Ne nous laissons pas emballer par ceux qui voudraient voir les protestants (et les chrétiens en général) comme une espèce en voie de disparition!

Comment ce graphique est-il calculé?

2 commentaires :

  1. Bonjour,
    Je ne parviens pas à voir en quoi les statistiques nous mentent vu que le titre de l'article parle de proportion, et le reste de l'article également. Tout est en valeur relative, et jamais en valeur absolue. Et l'article précise bien que c'est à partir d'un échantillon de 200'000 personnes donc il me semble que tout est limpide.
    Personnellement, je ne trouve pas que ce soit "alarmant" de se mettre face à une réalité qui est que le protestantisme réformé, indépendamment du nombre de fidèles, s'approche de plus en plus d'une religion de minorité, et je trouve que c'est important et nécessaire de prendre conscience de ça! L'église réformée n'est plus autant qu'avant l'église d'une majorité, il faut en prendre conscience, et (ré)agir en fonction (ce qui n'est pas vraiment le message véhiculé par toutes les églises réformées...)

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    1. Merci pour le commentaire. Je suis d'accord que mon titre était un peu aguicheur, mais peut-être n'auriez-vous pas lu l'article sinon!
      Je trouve en effet que les statistiques mentent quand on ne présente pas aussi les valeurs absolues, qui nous apprennent que la diminution du nombre de protestants est beaucoup plus lente que certains ne le laissent penser. Je regrette qu'une agence sérieuse comme ProtestInfo ne montre pas aussi cette face de la médaille.
      Par contre, tout à fait d'accord avec vous qu'une minorité a une force considérable (comme le sel de la terre), mais que cela demande de changer de langage. Je reconnais la réalité d'un protestantisme qui est devenu minoritaire, mais je refuse qu'on le déclare moribond: ce n'est tout simplement pas la réalité.

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