26 janvier 2014

Quelques divisions idiotes

Quand on est mort, on ne s'en rend pas compte
Il ne suffit pas de dire que les divisions entre Chrétiens sont stupides. L'apôtre Paul s'en est rendu compte. Les divisions ne sont pas seulement des décisions rationnelles, on ne peut donc pas utiliser la raison pour convaincre. Un peu de folie peut aider: celle de Dieu et de son amour!


Quand on est mort, on ne s'en rend pas compte
Prédication du 26 janvier 2013
pour la semaine de prière pour l'unité des chrétiens


Lecture : 1 Corinthiens 1,1-17


Chers frères et sœurs en Christ,
Il y a quelques jours, je parcourais un site Internet et je suis tombé sur cette plaisanterie:
Quand on est mort,
on ne s'en rend pas compte,
puisqu'on est mort ! 
C'est pour les autres que c'est difficile. 
Quand on est idiot, c'est pareil !

Comme vous, j'ai bien ri de cette comparaison !

Mais j'ai encore plus ri en lisant le commentaire de celui qui avait publié cette blague.
Il disait : « je crois savoir cela, mais parfois j'ai des doutes ! »

Se pourrait-il que je sois, moi, l'idiot qui met les autres dans l'embarras ? Peut-être !

Qu'il y ait des divisions dans l'église, je crois qu'on est d'accord pour dire que c'est plutôt crétin !

Et c'est bien ce que l'apôtre Paul est en train de dire aux croyants de Corinthe !
« Les gens de Chloé m'ont appris qu'il y avait des discorde parmi vous. »
  • Les uns disent qu'ils sont dans le camp de Paul,
  • les autres dans le camp d’Apollos,
  • les autres dans le camp de Céphas, c'est-à-dire de l'apôtre Pierre…
On pourrait continuer la liste de manière actuelle :
  • Moi j'appartiens à Calvin.
  • Moi j'appartiens au pape François.
  • Moi j'appartiens au patriarche Cyrille, ou au patriarche Bartholomée.
  • Moi j'appartiens au pasteur de mon église...
Ou à la manière moderne :
  • Moi je m'appartiens à moi-même,
    je décide tout seul de ce en quoi je veux croire.
C'est en effet un peu crétin…

Mais il y a une chose que j'aimerais bien savoir : C’est si les paroles de Paul ont eu un quelconque effet sur les gens de Corinthe quand ils les ont reçues !
Ont-ils été convaincus ? Se sont-ils réconciliés d'un coup d'un seul ? Se sont-ils tapés sur le front en disant : « Comme nous avons été bêtes ! ».

C'est déjà bon signe que cette lettre aux Corinthiens n’ait pas immédiatement été brûlée par ses destinataires, mais qu’elle soit parvenue jusqu’à nous !

Mais les divisions ont-elles cessé ?

D'ailleurs, l'apôtre Paul lui-même se rend compte du problème :
Essayer de persuader quelqu'un qu'il se trompe, qu'il a agi stupidement,
est une entreprise périlleuse…
En général, on ne sait pas qu'on se trompe, et on ne veut pas le savoir ! Et puis essayer par la raison de persuader quelqu'un qu'il est déraisonnable… est une contradiction !

Devant la sottise, la raison ne fonctionne pas. Et Paul essaye justement de laisser la raison de côté, pour se tourner vers ce qu'il appelle la folie, et qu'il va développer par la suite dans sa lettre.
Comme il le dit : « je ne suis pas venu persuader par la sagesse du discours » et d'expliquer qu'il est venu annoncer une bonne nouvelle qui passe par la « folie de la croix » !

Un Dieu rationnel serait un dieu qui nous aime quand nous sommes raisonnables, quand nous «faisons tout juste».

Or le Dieu de Jésus-Christ, le Dieu de la croix, est un Dieu qui nous aime, même quand nous sommes idiots, au point de vouloir le crucifier !

Cette nouvelle est vexante, quand nous pensons très malins, quand nous croyons avoir tout compris ! Mais elle fait du bien quand nous somme assez humbles pour considérer nos vies et notre histoire comme éclairées par cet amour !

Or donc les divisions non pas cessé. Au contraire elles se sont poursuivies tout au long de l'histoire du christianisme !

Et nous n'avons cessé de vouloir les justifier : « c'est notre identité », « c'est notre histoire », « c'est notre tradition » !

Comprenez-moi bien: Le problème n'est pas qu'il y ait des sensibilités différentes, des traditions différentes, des manières de faire différentes.
Le problème n'est pas qu’il y ait Paul, Apollos et Pierre.
Le problème n'est pas qu'il y ait des catholiques romains, des protestants, des anglicans, des luthériens, des orthodoxes etc. etc.

Le problème, c'est notre manière de nous rattacher à ces figures et à ces traditions.
« Moi, je suis à Paul » : le problème, c'est l'exclusion.

Le problème, c'est de vouloir avoir raison, à l'exclusion des autres.
Le problème, c'est de se réfugier dans une identité qui se définit à partir d'un nom (Paul, Apollos, protestant, catholique) plutôt qu'à partir de ce que nous avons en commun, Jésus-Christ !

Vous me direz : « Jésus-Christ, c'est aussi un nom ! »

Jésus-Christ, c'est bien plus qu'un nom ! Jésus-Christ, c'est le cœur de notre foi. Jésus-Christ, c'est notre espoir pour la vie, et pour au-delà de la vie. Jésus-Christ, c'est la folie d'un amour qui se donne jusque dans l'absurdité de la croix. Jésus-Christ, c'est le visage de Dieu pour nous.
Le visage d'un Dieu qui nous aime, même quand nous sommes un peu stupides !

On ne peut pas persuader un idiot qu'il est idiot !
Mais on peut l’aimer malgré tout, comme on aime ses enfants, même si l’on n’est pas d'accord avec tous leurs choix… Ou comme on aime ses parents, même si l’on n’est pas d'accord avec tous leurs choix !

Et puis, on est déjà un peu moins idiot quand on s'en rend compte ! Quand on voit le mal que peut causer nos logiques d'exclusion.

La lettre de Paul aux Corinthiens n'a peut-être pas eu l'effet de supprimer les divisions… Mais si elle nous a permis de prendre conscience de leur caractère absurde, elle a déjà accompli une partie de sa mission. Le reste est entre nos mains !

On ne refait pas l'histoire. Mais on peut apprendre à la considérer avec recul, je dirais même avec un certain humour. Avec le sourire attendri de Dieu, quand il nous voit chercher des chemins de rapprochement.

C'est vrai pour la rencontre entre chrétiens, l'œcuménisme. Mais c'est vrai aussi pour la rencontre avec d'autres manières de croire, d'autres religions, et aussi pour la rencontre avec ceux qui croient en un monde sans Dieu.

Je ne suis pas d’Apollos, de Paul, ou de Céphas, comme si je pouvais m'en prévaloir, et exclure les autres.
Je suis de Jésus-Christ, parce qu'il m'a aimé, exactement comme il a aimé de tous les autres humains.

Peut-être idiot… Mais aimé, aimé comme je suis !

Amen

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